Digitalisation de la formation

Alerte ! On y est ! C’est la fin du e-learning !

Je l’affirme, que dis-je, je le revendique, le e-learning est mort !

Qui en entend encore parler aujourd’hui ?

N’entendez-vous pas plutôt parler de digitaliser les formations, digital learning, formation en ligne, formation à distance, modules, parcours de formation, … ?

Aujourd’hui le “e-learning” ne fait plus de bruit, ne fait plus rêver … peut-être l’a-t-on “essorer”?        

Depuis une vingtaine d’années les elearning ou e-learning (comme vous préférez), ont pullulé, d’abord au sein des entreprises du CAC 40, dans l’ensemble des organismes de formation, dans l’éducation, et toujours avec une promesse certes alléchante :

  • Les mêmes formations/cours pour tous
  • Pas besoin de déplacer les foules, plus de lieu à réserver, on forme sur le poste informatique
  • C’est plus court (quoiqu’il me soit arrivé de voir des modules de 4h!)
  • Il suffit de traduire le contenu pour que la formation se déroule dans 24 langues
  • Diffusion dans le monde entier en 2 ou 3 clics sur la plateforme LMS
  • Tout le monde sera formé plus vite
  • Sans oublier le fameux … c’est moins cher !!!

Nous reviendrons plus tard sur l’ensemble de ces qualités loin d'être fausses mais diablement incomplètes.

Les modules e-learning ont ensuite pris de jolis petits noms, si mignons qu’on les dirait sortis d’un manga japonais pour adolescents, ce fut l’avènement des MOOC, COOC et autres dérivés. De petits noms tout mignons pour simplement indiquer que vous aviez désormais accès à des formations gratuitement en ligne soit pour tous (Mooc) soit au sein d’une même entreprise (Cooc).

Les serious games ont également eu leur âge d’or au début des années 2010, mais il est vrai qu’on en entend moins parler aujourd’hui (peut-être à cause des  budgets nécessaires ou des temps de production ?).


Concrètement, qu'en est-il aujourd’hui ?

Les e-learning sont désormais pris en compte par les OPCO, et il est même possible de dépenser son CPF (compte personnel de formation) ce qui montre bien une certaine reconnaissance de cette modalité pas si nouvelle.

De plus, si la durée des modules elearning a beaucoup diminuée (on est aujourd’hui plus proche de modules de 10 à 20 minutes) beaucoup de responsables formation se sont rendus compte de l’inefficacité de cette modalité comme seule façon d’apprendre.

En effet, si on revient sur les avantages cités plus haut pour cette modalité de formation on s’aperçoit que la réalité a souvent été quelque peu différente …

1. La même formation pour tous !

Pour celui-là, pas de doute ! En effet le e-learning agît un peu comme un film, où chacun des apprenants qu’il soit sur ordinateur, tablette ou smartphone, dans un pays ou dans un autre, aura accès aux mêmes ressources, aux mêmes vidéos, aux mêmes outils, à la même information, au même contenu de formation.

Oui mais, tous ont-ils besoin de la même formation ? Tous les apprenants développent-ils leurs compétences au même rythme ? Ont-ils le même niveau initial ? Ont-ils tous la même capacité d’apprentissage ?

2. Pas besoin de déplacer les foules, plus de lieu à réserver, on forme sur le poste informatique.

Il se trouve que ce n’est pas toujours aussi simple… Les premiers elearning se sont vites confrontés aux réalités du terrain, l’accès à internet parfois limité, les technologies pas toujours récentes, pas d’ordinateur disponible, ou uniquement celui du poste de travail face aux clients…

3. C’est plus court

Oui mais comparé à quoi ? Il semblerait que 30 minutes de elearning équivalent à ½ journée de présentiel, très bien mais on oublie trop vite que ce ne sont pas les mêmes compétences qui y sont développées donc peut-on comparer ce qui ne peut pas l’être ?

4. On a qu’à traduire pour que la formation se déroule dans 24 langues

… Euh … oui dans les faits c’est vrai mais quid de l’aspect culturel ? Les ingénieurs pédagogiques sont-ils capables de concevoir un même programme pour 24 pays différents avec des cultures différentes ? En général quand on se prête à cet exercice le résultat, pour plaire à tous, est souvent harmonisé et donc plutôt fade…

5. Diffusion dans le monde entier en 2 ou 3 clics sur la plateforme LMS

Celle-là elle va faire plaisir à tous les gestionnaires de LMS. Car si en théorie c’est vrai, dans la pratique c’est souvent un peu plus compliqué que cela. De plus cela signifie qu’on ne prend pas en compte les différents fuseaux horaires, les différentes normes de diffusion d’un module en fonction des pays (attention, en Allemagne il n’est pas rare que les syndicats doivent relire les contenus de formation avant leur diffusion) etc…

6. Tout le monde sera formé plus vite

C’est sans aucun doute l’erreur la plus répandue sur le e-learning. Ce n’est pas parce que le module dure 20 minutes que tous les apprenants seront formés en 20 minutes ! Loin de là… Tout au mieux les apprenants auront eu accès à un contenu de 20 minutes, mais si vous reprenez les points précédents vous comprenez aisément qu’en fonction du niveau de chacun, tous ne seront pas forcément “formés”.

7. C’est moins cher !!!

Eh bien en réalité ce n’est pas aussi simple que cela. En effet, cela va surtout dépendre du nombre de collaborateurs à former. Il est souvent plus rentable de former en présentiel de 10 à 50 personnes plutôt que de développer un module e-learning. Par contre si le formateur doit se déplacer dans toute la France ou que les apprenants doivent tous prendre un train, un avion, un hôtel etc le montant peut vite monter. De plus, en e-learning on a tendance à comparer le prix du projet avec une session de formation en présentiel ce qui n’a pas beaucoup de sens. Alors oui ça peut être moins cher mais si c’est la seule optique pour laquelle vous développer cette modalité il est probable que l’efficacité pédagogique ne soit pas au rendez-vous.

Alors que fait-on ?

Eh bien on utilise le e-learning …si si mais pas seulement !

L’objectif est et sera toujours le même : Quelle modalité pédagogique pour quel objectif pédagogique (et opérationnel) !

Ainsi le e-learning a encore de beaux jours devant lui si et seulement si les responsables formation, les ingénieurs pédagogiques, les formateurs et autres savent comment, quand et pourquoi l’utiliser.

Le fameux blended learning, au-delà d’être un terme en vogue en ce moment, doit être vu comme une approche complète de parcours de montée en compétence des apprenants.

Ainsi le e-learning n’est plus seulement la modalité pas cher à faire rapidement, mais bien une brique dans un parcours, brique sur laquelle l’apprenant sera autonome dans son apprentissage, pourra revoir, réviser, reprendre les éléments clés du module autant qu’il le souhaite etc.

Vous le voyez, finalement, le e-learning n’est pas mort, mais il ne peut plus la jouer en solo !


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