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La pédagogie active transforme profondément la manière de concevoir un parcours de formation. Elle ne se limite pas à rendre les formations “plus dynamiques” : elle invite à repenser la posture du formateur, la participation des apprenants et, surtout, l’ensemble du processus d’apprentissage. Cette démarche pédagogique repose sur des méthodes actives qui sollicitent l'engagement des participants à travers des activités concrètes, en lien avec leur travail ou leur projet professionnel. Mais comment traduire cette intention pédagogique en pratiques concrètes ? Quelles méthodes permettent d’activer réellement les compétences des apprenants dans des contextes variés ?
Catégoriser pour mieux choisir
Les méthodes pédagogiques actives peuvent être regroupées selon trois grandes logiques : faire faire, faire réfléchir, faire coopérer.

“Faire faire” renvoie à l’apprentissage par l’action, où l’expérience directe est mise au premier plan. C’est le domaine de la méthode expérientielle, très utilisée dans les formations en management ou en sécurité, par exemple.
L’apprenant est confronté à une situation réelle ou simulée, et apprend en interagissant avec l’environnement pédagogique. Pour renforcer cette immersion pédagogique, certains formateurs s’appuient sur des méthodes actives comme :
- des simulations boostées à l’intelligence artificielle qui permettent de créer des discussions et des scénarios interactifs à l’aide d’assistants IA (les GPT’s assistants de Chat GPT) pour s'entraîner face à des situations à gérer dans un cadre professionnel,
- la réalité virtuelle pour confronter les apprenants à des situations réalistes et proches de leur environnement de travail,
- des escape games qui permettent d’immerger les apprenants dans des aventures ludiques et pédagogiques, favorisant la motivation et l'engagement.
“Faire réfléchir” active davantage la prise de recul et la construction de connaissances à partir de ce que l’on observe, discute, analyse. Ici, on mobilise des modalités pédagogiques comme la classe inversée, l’interrogative par questionnement régulier, ou encore la méthode de découverte guidée.
Le formateur ne donne pas la réponse, il structure un parcours de formation où les apprenants explorent, formulent des hypothèses et échangent entre eux.
Pour accompagner cette phase, un outil comme Wooclap permet de faire émerger les représentations initiales, de lancer un débat à partir d’un sondage ou de visualiser les idées d’un groupe via un nuage de mots. Le numérique devient ainsi une ressource pédagogique essentielle, un levier de conceptualisation collective, directement connecté à l’ancrage des connaissances.
Et enfin, “Faire coopérer” s’appuie sur l’apprentissage entre pairs. L’idée est de mettre le groupe au service de l’apprentissage de chacun. Cela passe par des travaux en sous-groupes, des ateliers collaboratifs, du co-développement ou encore des communautés d’échange de bonnes pratiques.
Dans cette logique, un outil comme Padlet offre un mur collaboratif visuel dans lequel les participants peuvent publier leurs idées, mutualiser des ressources ou co-construire des ressources. Il favorise l’engagement du groupe, même à distance et structure les échanges de manière créative.
Ces catégories ne sont pas exclusives. Une formation efficace alterne souvent les approches, en fonction des temps d’apprentissage, des objectifs des séquences pédagogiques et du niveau d’autonomie des participants.
Mettre en œuvre la pédagogie active : ce que cela change pour le formateur
Appliquer des méthodes pédagogiques actives demande plus qu’une simple animation conviviale. Cela exige une mise en œuvre rigoureuse, alignée sur les objectifs de développement des compétences. Chaque méthode doit répondre à une intention précise : faire émerger un savoir, renforcer une posture, développer une capacité à résoudre des problèmes complexes.
Le formateur devient concepteur de situations d’apprentissage, garant de la pertinence des activités pédagogiques proposées. Il ajuste les modalités pédagogiques selon le niveau d’autonomie des apprenants, les objectifs de la formation, le temps disponible et le contexte (présentiel, à distance ou hybride). Il veille à l’équilibre entre action et réflexion, à la dynamique du groupe et à la qualité de la communication pédagogique.
Il doit aussi penser les supports pédagogiques en cohérence avec les méthodes choisies : capsules vidéo, fiches synthétiques, canevas d’études de cas et guides d’auto-évaluation. Ces ressources pédagogiques, si elles sont bien articulées, renforcent l’efficacité du dispositif. Elles permettent à chaque personne, qu’elle soit étudiante, adulte ou en reconversion professionnelle, de progresser à son rythme, tout en s’inscrivant dans une démarche collective de formation.
Une formation efficace alterne les modalités et méthodes pédagogiques, les rythmes et les formats d’apprentissage (présentiel, distanciel, synchrone et asynchrone). Cette variété permet de maintenir l’attention et de répondre à des profils d’apprenants différents. Il ne s’agit pas de “faire du fun”, mais d’être pertinent à chaque étape du parcours pédagogique. Une activité bien pensée, ancrée dans un déroulé pédagogique clair et relié à des objectifs pédagogiques, est plus engageante qu’un long discours.
Activer l’apprentissage ne signifie pas improviser : c’est tout un art de concevoir une séquence d’apprentissage dans laquelle chacun peut expérimenter, progresser et transférer ses acquis dans sa réalité professionnelle. Cela nécessite une vraie pratique pédagogique, des outils adaptés, une bonne gestion de groupe et une solide expérience de terrain.

Un apprentissage ancré dans la réalité professionnelle
Les méthodes actives ne sont pas réservées à des formations innovantes ou expérimentales. Elles répondent à une exigence de pertinence : aider les apprenants à transférer ce qu’ils apprennent dans leur quotidien professionnel. Ce transfert passe par la mise en situation, l’échange d’expériences, la confrontation à des cas concrets, l’évaluation continue et l’usage de supports pédagogiques adaptés. Ces méthodes pédagogiques s’intègrent dans une démarche d’apprentissage qui favorise le développement des compétences, la compréhension durable et l’autonomisation de l’apprenant.
Leur mise en œuvre est d’autant plus critique, avec l’arrivée des outils digitaux et de l'intelligence artificielle générative, dans un contexte où les compétences évoluent rapidement. Il ne suffit plus de suivre une formation : il faut apprendre à apprendre, développer un esprit critique, coopérer et ajuster ses pratiques pédagogiques. La pédagogie active permet tout cela, à condition d’être portée par un formateur qui en maîtrise les méthodes, comprend les objectifs pédagogiques, et sait adapter sa démarche à chaque personne et à chaque projet.
Enfin, les outils pédagogiques numériques et l’intelligence artificielle (IAG) apportent une valeur ajoutée s'ils sont intégrés de manière cohérente dans le processus d’apprentissage. Ils ne remplacent pas l’intention pédagogique, mais viennent l’appuyer : enrichir les contenus, faciliter la mémorisation des connaissances, diversifier les formats et prolonger l’apprentissage au-delà du temps présentiel.
Trois références utilisées pour la rédaction de cet article :
- Bonwell, Charles C., Eison, James A. (1991). Active Learning: Creating Excitement in the Classroom. 1991 ASHE-ERIC Higher Education Reports.
- Kolb, David. (1984). Experiential Learning: Experience As The Source Of Learning And Development.
- Michaelsen, Larry & Knight, Arletta & Fink, L.. (2002). Team-based learning: a transformative use of small groups.
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