Serious game : comment j’ai appris à jouer sérieusement ?

Je me souviens du jour où j’ai découvert un serious game (il y a 6 ans maintenant). C’était pendant une formation à laquelle au lieu d’écouter une présentation, on nous a plongés dans une simulation ludique. Il fallait décider, interagir avec d’autres joueurs, collaborer en équipe, gérer les situations et analyser les données du jeu. 

J’ai eu un déclic : je venais de vivre un apprentissage à la fois pédagogique, immersif et riche en divertissement, une expérience qui combinait engagement et compétences à développer.

Ce jour-là, j’ai compris ce que signifiait vraiment la définition du serious game. Ce n’est pas un simple gadget numérique, mais une autre manière d’apprendre. L’expérience n’avait rien d’abstrait. Ce n’était pas un cours classique, c’était un jeu, une activité ludique où chaque choix avait une conséquence, chaque erreur devenait un levier d’apprentissage et chaque décision servait un objectif clair. En tant qu’apprenant “lambda”, on ne le remarque pas toujours, mais en tant qu’ingénieur pédagogique, j’ai pu observer l’impact concret sur l’apprentissage et la motivation.

De retour au travail, j’ai voulu tester.

J’ai cherché des exemples, analysé l’utilisation du serious game dans d’autres formations et commencé à en concevoir pour mes propres sessions. J’ai imaginé des scénarios ludiques, des mécanismes de jeux vidéos et des jeux de société intégrés à mes animations pédagogiques. Les arguments en faveur de cette approche se sont vite imposés : plus de participation, plus de sens, plus d’engagement et de résultats mesurables pour les participants et les apprenants !

Lors d’une formation en blended learning, j’ai remplacé une séquence trop descendante par un serious game intitulé “Mort subite”. Le principe était simple : si un apprenant se trompe, il rejoint le camp des démons. L’objectif pédagogique était clair : marquer un maximum de points pour les “anges” et rester dans ce camp jusqu’à la fin de la partie. Les participants étaient d’abord sceptiques, puis rapidement conquis. 

Les apprenants progressaient par essais-erreurs, développaient leurs compétences, renforçaient leur apprentissage et intégraient des connaissances sans même s’en rendre compte. Mon rôle n’était plus celui d’un formateur classique, mais d’un facilitateur pédagogique. Ce n’était plus une formation, c’était une expérience ludique. L’ancrage des connaissances se faisait naturellement par répétition différenciée et plaisir de jeu. J’ai enfin un argument à vous partager : La gamification transforme ainsi la formation en un véritable terrain de learning et d’apprentissage actif.

Le plus intéressant, c’est que le serious game ne demande pas de moyens extraordinaires contrairement à mes idées reçues. L’important, c’est l’objectif pédagogique. Quelle compétence travailler ? Quelle situation faire vivre ? Le reste dépend de votre créativité. Parfois, une courte activité peut devenir un serious game, parfois, une simulation ou l'utilisation astucieuse d’une vidéo crée une vraie immersion. Ce qui compte, c’est la cohérence entre la définition du besoin, les contenus pédagogiques, le parcours et l’expérience des apprenants.

J’ai aussi vu comment cela change la relation au travail ou à la formation. 

Quand les apprenants jouent, ils s’impliquent autrement dans le processus d'apprentissage. Ils se trompent, apprennent, collaborent et développent leurs compétences de manière plus durable. La hiérarchie s’efface, laissant place à une véritable expérience pédagogique partagée. Je me souviens d’un jeu sur l’ergonomie des hypermédias. Plutôt qu’un cours classique, j’ai proposé aux joueurs (participants) de réagir à des situations concrètes de productions existantes et de gagner des points selon le nombre d’erreurs trouvées. Leurs réponses étaient spontanées, révélatrices. J’ai compris que la pédagogie la plus efficace, c’est celle qui fait vivre le savoir, celle où la gamification et les serious games deviennent des leviers puissants pour sensibiliser et renforcer la motivation. La formation ludique n’est donc pas un simple effet de mode, mais une méthode d’apprentissage qui stimule la rétention des connaissances et l’engagement des apprenants.

Aujourd’hui, j’intègre du serious game dans mes formations chaque fois que c’est possible. Parfois sous forme de simulation, de jeu collaboratif, parfois avec une activité en ligne utilisant des outils pédagogiques numériques. L’objectif reste le même : relier l’apprentissage à une expérience réelle. Aujourd’hui, je vois les apprenants progresser, développer leurs compétences et prendre plaisir à apprendre. Ce divertissement intelligent a transformé ma façon de concevoir la formation et de transmettre des compétences.

Oui, j’aime mon travail, mais j’aime surtout voir des participants s’amuser en progressant. C’est ça, la force du serious game : transformer le jeu en outil de formation, relier les objectifs pédagogiques à la réalité et créer des jeux qui font grandir.

Et de temps en temps, quand un apprenant sourit après une activité réussie, je me dis que j’ai trouvé ma propre manière de jouer sérieusement.

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