Et si on arrêtait de confondre serious game et gamification ?

Dans le monde de la formation, on parle beaucoup de serious game et de gamification. Ces deux approches pédagogiques ont pour objectifs communs d’accroître l’engagement, la motivation et l’apprentissage des apprenants, mais elles ne reposent pas sur les mêmes mécaniques de jeux ni sur la même logique de design ludique.

Si la gamification ajoute des éléments ludiques à un contenu pédagogique, le serious game est un jeu conçu dès le départ pour atteindre un objectif précis. Même famille, mêmes pions, mais pas la même stratégie d’apprentissage ni la même immersion dans l’expérience !

La gamification : des mécaniques de jeu au service de la formation

La gamification, c’est l’art d’introduire des éléments de jeux dans une activité qui n’est pas ludique à la base. L’objectif est donc de garder le contenu pédagogique, mais d’y ajouter des dispositifs comme des niveaux, des récompenses, des points, des badges, un système de progression ou une simulation adaptée aux apprenants. Cette approche renforce la motivation, favorise l'apprentissage et soutient les objectifs de formation des entreprises.

Prenons un exemple : une application de formation qui affiche une barre d’avancement, des objectifs à atteindre et met en avant les meilleurs participants dans un classement. Vous êtes dans une démarche de gamification. Le but reste le même, mais l’expérience devient plus immersive et mieux désignée pour stimuler l’engagement et la progression des utilisateurs.

Dans une entreprise, cette méthode améliore la gestion des compétences et renforce l’envie d’apprendre : chaque collaborateur visualise son développement et se compare dans une douce compétition. Des outils comme Duolingo ou Waze utilisent ces mécaniques ludiques pour maintenir la curiosité des utilisateurs. L’important est que le jeu soutienne la pédagogie, pas qu’il la remplace.

Mais attention : un excès d’artifices peut nuire à la cohérence. Trop d’effets et le sens disparaît, l'objectif pédagogique se perd et l’effet gadget apparaît. La gamification fonctionne uniquement si le système est relié à une cible bien identifiée et à des termes de formation clairs, pour une utilisation pertinente et mesurable des jeux et serious games.

Le serious game : un jeu sérieux, mais un vrai scénario

Le serious game, dans le domaine de la formation, ne se contente pas de greffer des mécaniques de jeux sur un contenu existant. Il est conçu comme un jeu complet, intégrant un design pédagogique cohérent, des objectifs précis et une simulation réaliste pour les apprenants. L’idée est d’apprendre par l’expérience, dans un environnement ludique qui favorise la prise de décision, la motivation et l'autonomie.

Imaginez un jeu vidéo où vous dirigez une entreprise, gérez une crise ou menez un projet en équipe. Vous devez faire des choix, analyser les données et gérer les points de progression pour avancer dans le scénario et atteindre des objectifs spécifiques. Ce n’est pas une simple application ludique, c’est un serious game pédagogique, pensé pour renforcer les compétences et l’engagement des participants.

Dans la formation professionnelle, ces jeux permettent aux participants d’expérimenter sans risque : un technicien peut tester une procédure sensible, un manager peut s’entraîner à la gestion d’équipe ou un collaborateur peut explorer des outils de communication et de développement. Ce type de simulation privilégie l’apprentissage et l’intégration des connaissances. L’expérience ludique devient alors un levier puissant de progression, d’immersion et d’engagement dans les formations.

Ici, la compétition n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est l’analyse, la réflexion et la capacité à agir dans un cadre pédagogique immersif.

Deux approches, un même objectif : apprendre autrement

Pour résumer :

  • La gamification ajoute des mécaniques de jeux, des éléments ludiques à une activité pédagogique pour la rendre plus motivante.

  • Le serious game est une expérience intégrale, pensée dès le départ comme un outil d’apprentissage fondé sur la simulation, le scénario et des objectifs pédagogiques précis.

Les deux partagent une même finalité : renforcer l’engagement des apprenants et ancrer durablement les compétences en lien avec l’objectif. Mais ils peuvent s’adresser à une cible différente. La gamification dynamise des formations existantes, tandis que les serious games créent un univers à part entière pour expérimenter en agissant.

En somme, la gamification, c’est la cerise ludique sur le gâteau de la formation, tandis que le serious game, c’est la recette complète, avec son design, son univers et ses objectifs pédagogiques.

Et en pratique, quelles différences selon la modalité ?

La gamification fonctionne particulièrement bien en présentiel, où l’interaction directe, la dynamique de groupe et la motivation collective permettent de maintenir une belle énergie de ligne du début à la fin. En revanche, transposer cette approche en e-learning demande davantage de mise en œuvre. Les termes de progression, de récompense ou de défi prennent ici un autre sens, car la motivation repose surtout sur l’autonomie de l’apprenant.

À l’inverse, les serious games s’adaptent parfaitement aux deux formats : en présentiel comme en e-learning, ils plongent les apprenants dans une véritable immersion. Grâce à leur dimension interactive et narrative, ces expériences permettent de recréer des situations proches du réel, favorisant un apprentissage actif et durable, quelles que soient les différences de contexte ou de modalité.

Articles similaires