Former n’est pas jouer !

Jouer jouer jouer !

Ce n’est plus un plaisir, une volonté personnelle, cela devient une obligation !

Aujourd'hui quelle formation ne met pas en avant une dimension ludique, un système de jeu pour “faciliter l’apprentissage” de vos apprenants ? La gamification est aujourd'hui tout autour de nous, partout, tout le temps.

Pour acheter ses vêtements, pensez à Nike avec sa tentative infructueuse d’il y a dix ans maintenant, pour s’acheter un café (merci Starbucks qui nous fait gagner des points à chaque achat afin d’obtenir des réductions ou autre), pour conduire (qui n’a pas cherché à obtenir l’épée ou la couronne pour son petit personnage Waze ?) etc.


Mais pourquoi cet engouement pour le jeu ?

Comme le dit si bien Gabe Zichermann : “les jeux procurent toutes sortes de plaisirs : détente, sentiment d'accomplissement, maîtrise, lien social... Des « social games » comme FarmVille sont conçus pour galvaniser notre besoin de reconnaissance et de liens sociaux.”

Le graal ? L’engagement !

Partout, tout le temps, pour tout et n’importe quoi “on” cherche à nous engager “Engagez-vous qu’ils disaient” !

Mais c’est quoi être engagé ? Et pourquoi cherche-t-on tant à faire en sorte que toutes nos actions soient engagées ?

En réalité c’est assez simple, l’engagement est un des marqueurs évident de la motivation. Ainsi le schéma qui se met en place dans toute bonne équipe qui travaille son “content marketing” peut être le suivant :

Produit de vente Gamifié → Plaisir du Jeu → Engagement → Motivation → Achat

Mais peut-il en être de même sur un sujet moins mercantile comme la formation ? La montée en compétence ?

Le Jeu en formation, la gamification

Le Jeu est une modalité pédagogique extrêmement puissante, qui nous aide depuis l’enfance à acquérir des compétences, et ce depuis toujours. On a vu l’émergence des jeux sérieux en entreprise, ou serious games (un salon professionnel y est même dédié) depuis les années 2010, ce qui devait révolutionner la formation professionnelle.

Dans les faits… il n’en est rien, pour des raisons assez simples : l’acheteur de serious game n’est que rarement le joueur (ou apprenant cible si vous préférez). Ne vous est-il jamais arrivé d’acheter un jeu pour un enfant (petit ou grand bien sûr) et de lire la déception sur son visage une fois le paquet déballé (“Je l’ai déjà”, “Je n’aime pas ce jeu”, “Je ne suis pas trop jeu de plateau”...) ?

Les utilisateurs du jeu, plus précisément les collaborateurs apprenants, doivent éprouver du plaisir à jouer pour que l’engagement, et donc la motivation, se mettent en place.

Il s’agit d’un des deux leviers de la motivation auto-déterminée qui permet à l’apprenant de s’engager dans sa montée en compétence. L’autre levier est la valeur perçue (et non réelle) de l’activité. Ainsi, jouer pour apprendre un sujet que l’on considère inutile ne permettra pas la motivation des apprenants. Il faut penser au fait que chaque collaborateur devient un joueur qui doit atteindre des objectifs.

On voit donc bien ici que la stratégie qui est d’acheter des serious games pour ses apprenants sans identifier leur plaisir pour le jeu ni leur conscience de la valeur de la formation, ne permettra pas l’engagement tant recherché.

Ainsi faire jouer les apprenants peut faire partie d’une activité pédagogique, si et seulement si la conception pédagogique l’avait bien anticipé. L’expérience des utilisateurs doit être la plus optimisée possible, notamment grâce aux outils du digital learning.

Alors pourquoi et comment gamifier ses formations ?

La raison est toujours la même : engagement, motivation, amélioration de l’apprentissage et donc fidélisation des apprenants.

Les 3 points à respecter pour gamifier efficacement ses formations :

1. Éprouver du plaisir

Le ludique ne suffit pas. Il fonctionne si “je ne suis pas obligé(e) de jouer”. Il faut donc toujours laisser le choix, par exemple, d’un module en format gamifié ou en format non gamifié qui auront bien évidemment les mêmes objectifs pour les joueurs.


Pour parler aussi à la motivation basée sur la valeur, il faut toujours expliquer l’intérêt et le “pourquoi” de la formation à ses collaborateurs. Par exemple, avec une introduction qui l’explique, une vidéo initiale… L’essentiel ici est de parler “opérationnel”, concrètement il faut répondre à la question suivante pour les apprenants : “Que vais-je vraiment pouvoir améliorer, réduire, augmenter, faire… avec cette compétence ? En quoi cela sera-t-il utile pour mon quotidien ?”.

On ne le dira jamais assez, commencer par le sens, le pourquoi et s’assurer de sa bonne compréhension, est la principale clé de réussite pour une acquisition de compétences. Surtout lorsque l’on recherche une expérience formatrice et efficace pour ses collaborateurs !

2. Le flow

Comment on l’obtient ce Flow ?

Il est nécessaire d’avoir un ajustement parfait entre la difficulté de l’activité et le niveau de compétences de l’individu, afin d’éviter les deux écueils de la formation :

  • L’ennui (l’activité est trop facile, je n’apprends rien)
  • Le stress (l’activité est trop compliquée, je ne comprends rien, je me sens largué, je stresse, je n’apprends pas)

Pour ce faire, il faut donc bien adapter la difficulté des jeux en formation.

A. Un test préalable pour peut-être “classer” les apprenants en niveaux de compétences ? Sans forcément le dire aux employés (ou utilisateurs) :-)

B. Laisser le choix entre plusieurs jeux, dont la difficulté est différente...sans le dire ! Avec possibilité de tester l’un ou l’autre sans problème.

Dans tous les cas, le feedback est HYPER important.

Un bon feedback, c’est :
  • Un retour d’information sur une activité. Ex : bonne réponse / mauvaise réponse
  • Dynamique, régulier et nombreux. A chaque choix ou action !
  • N’est pas une récompense : attention au système de badges !

Le risque des badges (tant vanté et mis en avant par certaines plateformes de formation) serait que les apprenants se forment pour obtenir les badges uniquement, et non pas pour les motivations de plaisir ou de valeur. Dans ces cas-là, on sort du Flow, de l'engagement et donc de la motivation… L’objectif n’est pas d’obtenir des récompenses mais bel et bien de développer de nouvelles connaissances !

3. Lorsque l’on est intéressé(e), on va mieux apprendre.


Et, c’est bête mais, pour avoir de l’intérêt pour quelque chose… il faut déjà l’avoir choisi !

Il est donc essentiel de solliciter l’individu dans le choix des formations, des parcours de montée en compétence qui peuvent être utiles et intéressants pour lui et pour l’entreprise.

Mais attention, laisser le choix à ses collaborateurs ne signifie pas pour autant fournir un catalogue de quelques dizaines de formations à choisir. Il s’agit de mettre en place un accompagnement permettant au manager et aux collaborateurs de choisir intelligemment une formation qui serve les intérêts de tous, et surtout qui permette à l’apprenant de mesurer la valeur concrète, opérationnelle, de ce qu’elle lui apportera.

On peut donc opter pour la gamification lorsque l’on a pour objectif de rendre intéressant un sujet et donc développer l’intérêt…. Mais cela ne sera efficace sur le long terme que si et seulement si l’on profite du jeu pour démontrer l’intérêt, la valeur de l’objet de la formation. Il faut utiliser la bonne stratégie !

Ainsi, pas besoin de vous transformer en Tripadvisor ou Amazon de la formation pour devenir efficace, une gamification efficace se joue surtout dans la conception initiale de la formation pour coller au plus près des enjeux communs de l’entreprise et des employés.


Articles similaires