Du cerveau à la compétence : ce que la psychologie nous apprend !

Et si apprendre ne se résumait pas à écouter un cours ou lire une leçon ? Et si derrière chaque processus d’apprentissage et d'enseignement se cachait une véritable mécanique mentale, subtile, parfois invisible… mais essentielle à la compréhension et à la mémorisation ?  C’est tout l’enjeu de la psychologie de l’apprentissage : comprendre comment notre cerveau traite les informations, construit la mémoire et adapte les comportements en fonction du contexte, tout au long d’un parcours de formation. 

Ce champ de recherche est d’autant plus pertinent qu’il touche tous les niveaux : de l’école primaire à l’université, en passant par la formation professionnelle continue. Les formateurs et les responsables pédagogiques cherchent à améliorer l’efficacité des cours en s’appuyant sur des modèles issus des sciences cognitives. L’objectif ? Optimiser les apprentissages en tenant compte des comportements, des émotions et des stratégies mentales des apprenants.

Dans cet article, nous explorons les grands principes de la psychologie de l’apprentissage, en s’appuyant sur des recherches issues des sciences cognitives, avec des exemples concrets et une question fil rouge : comment aider chacun à mieux apprendre, en favorisant la compréhension plutôt qu’un simple comportement de répétition mécanique ?

Les apprentissages : un processus bien plus complexe qu’il n’y paraît

Apprendre, ce n’est pas juste mémoriser. C’est activer une série de processus cognitifs : attention, compréhension, mémorisation, récupération. Ces mécanismes sont influencés par de nombreux facteurs : l’environnement, les émotions, le niveau de fatigue, la motivation, les expériences passées. En psychologie de l’éducation, ces dimensions sont étudiées pour mieux adapter les méthodes pédagogiques aux différents comportements des apprenants, qu’il s’agisse d’enfants à l’école, d’étudiants à l’université ou de professionnels en formation.

La recherche cognitive nous enseigne que pour bien apprendre, l’apprenant doit être actif. Selon John Sweller, théoricien de la charge cognitive, une surcharge d’informations bloque les apprentissages. Résultat ? Il est plus efficace de structurer un cours autour de blocs courts, centrés sur une seule compétence à la fois ; une méthode désormais répandue dans l’enseignement scolaire et les formations professionnelles.

Autre point clé : la notion de double codage (Paivio, 1971). Lorsqu’un contenu est présenté à la fois de manière visuelle et verbale, il est mieux retenu. Une lecture illustrée, une vidéo accompagnée d’un schéma, ou un podcast enrichi d’une carte mentale : autant de formats qui renforcent les connaissances en mobilisant plusieurs canaux de traitement de l’information, selon un modèle validé par les sciences cognitives.

Exemple concret : proposer à des étudiants un module où ils doivent d’abord lire une infographie, puis expliquer à voix haute le contenu en petits groupes. Résultat ? Une meilleure compréhension et rétention, confirmée par l’évaluation des résultats. Cette action pédagogique simple permet un meilleur ancrage des apprentissages, notamment en sollicitant les capacités du cerveau liées au langage, au conditionnement opérant et à la structuration des études.

Émotions et motivation : deux moteurs essentiels des apprentissages

On n’apprend jamais dans le vide. L’apprentissage est un processus profondément humain, influencé par le sens, l’engagement, les émotions et la motivation. On apprend parce qu’on veut, parce qu’on y voit un sens, parce qu’on se sent capable d’y arriver. En psychologie de l’éducation, la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985) insiste sur trois besoins fondamentaux pour soutenir les apprentissages : le besoin de compétence (se sentir capable), le besoin d’autonomie (avoir un espace de décision), et le besoin de lien social (appartenir à un groupe d’apprentissage).

Un étudiant qui comprend pourquoi il suit ce cours, qui se sent reconnu dans ses efforts et qui peut adapter son rythme au sein d’une formation, progressera plus vite et avec une meilleure compréhension. Ces constats sont appuyés par les sciences cognitives et validés par l’évaluation des performances.

Les émotions jouent aussi un rôle central. Barbara Fredrickson (2001) parle de leur capacité à élargir les schémas cognitifs : la joie, la curiosité, l’enthousiasme renforcent la compréhension et l’ancrage des connaissances. À l’inverse, la peur de l’échec ou la frustration peuvent altérer le comportement d’apprentissage et ralentir les processus cognitifs.

À tester en formation scolaire ou professionnelle : débuter un cours par un petit défi ludique, ou inviter les étudiants à partager un souvenir marquant lié à l’éducation. On stimule l’émotion positive, donc on favorise la concentration et l’apprentissage.

Apprendre à apprendre : une compétence à développer

Et si on passait d’un apprentissage de contenus à un apprentissage de soi ? Apprendre à apprendre, c’est développer une compétence clé dans tout modèle éducatif : comprendre comment on apprend, ajuster ses efforts, et construire des stratégies efficaces pour acquérir de nouvelles connaissances. Ce processus repose sur des capacités cognitives fondamentales.

Ce processus relève de ce que la psychologie appelle la métacognition : la capacité à réfléchir sur ses propres apprentissages et à évaluer ses stratégies mentales. Elle s’apprend dès l’enseignement scolaire, chez les enfants et étudiants, comme les professionnels, et reste essentielle dans les formations proposées à l’université comme en entreprise. Elle favorise une meilleure compréhension, renforce la mémoire et améliore durablement les performances.

Exercice simple à intégrer dans un cours ou une séance de formation : poser à un apprenant ou un groupe d’étudiants une question d’évaluation réflexive en fin de session : “Qu’est-ce qui vous a aidé à comprendre aujourd’hui ?” ou “Quelle méthode de lecture ou d’étude allez-vous réutiliser ?" Ce type d’activité pédagogique renforce l’autonomie, développe un comportement d’apprentissage actif et ancre les connaissances dans la durée.

C’est là que les sciences de l’éducation, les recherches en psychologie et les apports des enseignants prennent tout leur sens. En formant les étudiants à planifier leur apprentissage, à varier les méthodes pédagogiques, à mobiliser leur langage intérieur et à mieux comprendre le fonctionnement de leur cerveau, on les aide à réussir dans tous les contextes : scolaire, universitaire ou professionnel.

Conclusion : l’apprentissage, une transformation continue

Les sciences de l’éducation montrent aujourd’hui l’efficacité d’un enseignement basé sur des méthodes pédagogiques actives, différenciées et adaptées au niveau de chaque individu : qu’il s’agisse d’enfants à l’école, d’étudiants à l’université, ou d’adultes en formation professionnelle en entreprise. Chaque étude ou action pédagogique menée dans ce sens contribue à une meilleure formation ou éducation.

Le rôle des enseignants, des formateurs ou des concepteurs pédagogiques n’est donc plus seulement de transmettre des connaissances, mais d’accompagner l’apprentissage à travers des outils, des méthodes actives, et une vraie écoute des besoins cognitifs et affectifs des groupes d’apprenants. Cela passe par une compréhension fine du cerveau, une valorisation des compétences et parfois une approche inspirée du conditionnement opérant ou d’autres modèles issus de la psychologie.

L’enjeu est clair : permettre à chacun d’acquérir durablement des compétences, de gagner en autonomie, et de mieux s’adapter à son environnement éducatif ou professionnel. 

Et vous, comment mobilisez-vous la psychologie de l’apprentissage dans vos pratiques d’éducation ou de formation ?

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