
Imaginez une formation en entreprise où chaque participant, qu’il soit en présentiel ou en formation à distance, repart avec des connaissances durablement ancrées dans sa mémoire. Pas uniquement des notes prises en session de formation, mais de réels acquis consolidés grâce à des techniques de mémorisation efficaces, adaptées au fonctionnement du cerveau. C’est non seulement possible, mais essentiel, surtout dans un contexte de formation professionnelle où l’efficacité de l’apprentissage se mesure à l’impact concret sur les compétences, la pratique et le développement des capacités. C’est là que la psychologie de l'apprentissage entre en jeu : elle permet de mieux comprendre les mécanismes cognitifs qui influencent la rétention d'information et oriente les choix pédagogiques les plus pertinents.
Pourquoi certains contenus sont-ils mémorisés à long terme, tandis que d’autres disparaissent rapidement de l’espace mental ? Quelle est la place des outils pédagogiques, du formateur, et de l’environnement d’apprentissage dans la mémorisation de l'information ? Cet article vous propose des méthodes concrètes, pour améliorer la concentration, renforcer le rappel, en présentiel comme à distance.
1. La mémorisation, une affaire de cerveau (et de pédagogie)
Le cerveau humain n’est pas une clé USB. Il ne suffit pas d’être exposé à une information pendant un cours ou une session pour qu’elle soit stockée durablement. La mémorisation repose sur plusieurs processus cognitifs : l’attention, l’encodage, la consolidation et le rappel mémoriel. Ces étapes sont influencées par la méthode pédagogique, le niveau d’engagement, l’environnement et la situation de formation (présentiel, distance, en synchrone et en asynchrone).
Prenons l’attention par exemple. Si elle est faible (fatigue, distraction, surcharge cognitive...), tout le fonctionnement mental s’effondre. En formation professionnelle, cela signifie qu’il faut proposer des techniques adaptées : formats courts, contenus structurés, rythme soutenu, méthodes actives et activités pédagogiques pensées pour maintenir la concentration. John Sweller, avec sa théorie de la charge cognitive, nous rappelle que trop d’informations techniques d’un coup entraînent une saturation, résultat : aucun apprentissage durable.
Et le rappel ? Selon Ebbinghaus, on oublie 80 % de ce qu’on apprend en quelques jours… sauf si on réactive régulièrement ces connaissances. Autrement dit : un contenu non réutilisé est un contenu perdu. C’est là que l’on comprend l’intérêt d’intégrer des activités de rappel mémoriel dans les formations professionnelles.
2. Des techniques simples pour faire durer l’apprentissage en formation
Pour améliorer la mémorisation en formation professionnelle, il existe des techniques pédagogiques simples, mais efficaces, validées par les sciences cognitives et directement applicables en formation, que ce soit en présentiel ou à distance :
- le double codage (Paivio) : associer visuels et textes facilite le traitement de l’information. Un schéma associé à une explication orale ou écrite renforce l’apprentissage. Cette méthode active mobilise plusieurs canaux mentaux, améliorant la concentration et l’ancrage des connaissances dans la mémoire de l'apprenant ;
- l’apprentissage réparti en formation : mieux vaut organiser plusieurs sessions de formation courtes et espacées dans le temps qu’un seul bloc intensif. La durée et la répétition sont deux leviers essentiels pour renforcer la rétention des informations et des compétences à long terme ;
- les quiz récurrents : insérer des évaluations régulières (au début, au milieu et à la fin de la session) stimule le cerveau. L’effet testing (Roediger & Butler, 2011) améliore la consolidation des apprentissages tout en gardant les apprenants engagés. Ce type de pratique pédagogique permet également de mesurer la progression des participants ;
- les liens avec le contexte réel : en formation en entreprise, les adultes retiennent davantage si l’activité pédagogique a du sens. Un formateur doit ancrer ses contenus dans la pratique professionnelle réelle, en montrant comment les concepts abordés répondent à des problèmes concrets rencontrés par les clients ou les équipes ;
- les méthodes pédagogiques actives : les jeux pédagogiques, les mises en situation, les activités en groupe, ou encore la co-construction de savoirs mobilisent l’autonomie des apprenants. Ce type d’enseignement actif favorise une pédagogie expérientielle où chaque participant est acteur de son apprentissage. Résultat : un impact durable sur les compétences et le développement personnel ;
- les outils de formation : pour soutenir l’apprentissage, variez les supports pédagogiques : fiches mémo, podcasts, plateformes e-learning, outils interactifs... Ces formats diversifiés sont particulièrement adaptés aux formations à distance et permettent d’optimiser la gestion de l’information et des capacités de mémorisation.
3. Intégrer la mémorisation dans la conception des parcours de formation
Le rôle du formateur est essentiel dans la conception pédagogique : anticiper les moments-clés d’encodage et de rappel mémoriel tout au long du parcours de formation. Cela passe par la définition des objectifs pédagogiques clairs, l’utilisation d’outils adaptés et une attention particulière à l’état mental du groupe, à son niveau de concentration, ainsi qu’aux problèmes pouvant freiner les apprentissages.
Un exemple concret : un module de formation sur la gestion du stress. En début de session, un quiz pour activer les connaissances préalables. En milieu, une mise en situation professionnelle. Enfin, un mini plan d’action à réutiliser sur le terrain + une séquence de rappel mémoriel par mail une semaine plus tard. Simple et efficace pour optimiser la rétention.
Et si vous formez à distance ? Attention à la mémoire de travail, souvent saturée en classe virtuelle. Privilégiez des sessions courtes, des pauses, et variez les supports d’apprentissage (vidéos, fiches, podcasts...). Intégrez des outils interactifs pour maintenir l’engagement et la concentration. Pensez à gérer la durée des sessions et à évaluer régulièrement la progression.
En somme, une formation professionnelle bien pensée prend en compte le cerveau, le temps, les méthodes pédagogiques, et le niveau d’autonomie de l’apprenant. C’est ainsi que l’on développe des compétences durables et adaptées à chaque situation d’apprentissage.
4. Formation et mémorisation : un duo indissociable
Travailler la mémorisation en formation, c’est renforcer les compétences des apprenants et maximiser l’efficacité pédagogique. Cela passe par une gestion précise des objectifs, des durées, des méthodes pédagogiques, des outils et des techniques d’apprentissage adaptées à chaque groupe, qu’il s’agisse d’adultes en formation professionnelle, de participants en présentiel ou de clients en formation à distance.
En entreprise, cela se traduit concrètement par :
- un meilleur rappel des informations en situation réelle ;
- une mise en pratique plus fluide des connaissances ;
- des collaborateurs plus autonomes ;
- un développement continu des capacités cognitives et professionnelles.
L’évaluation des acquis devient ainsi un moyen de mesure essentiel, permettant d’ajuster les formations, d’identifier les problèmes de mémoire ou d’apprentissage et de renforcer la pertinence des contenus selon le niveau des apprenants.
Que faut-il retenir ?
La mémorisation en formation n’est ni automatique ni magique. Un mélange bien dosé de techniques cognitives, d’outils pédagogiques et d’attention portée au rythme fera toute la différence. Car en fin de compte, ce que retiendra un apprenant, ce n’est pas juste ce qu’on lui a dit, mais ce qu’il a vécu, manipulé, réactivé et mis en lien avec ses compétences. Alors, prêt à muscler la mémoire de vos apprenants lors de vos parcours de formation ?
Références scientifiques :
- Sweller, J. (1988). Cognitive Load Theory
- Ebbinghaus, H. (1885). Forgetting Curve
- Paivio, A. (1971). Dual Coding Theory
- Bandura, A. (1997). Self-efficacy
- Roediger, H. L., & Butler, A. C. (2011). Testing Effect
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